08 julho 2005

Tout ce qui fait douce la vie des hommes

Aeródromo de Pacheco. Fonte: http://www.trussel.com/saint-ex/decend02.jpg (Aeródromo de Pacheco: Buenos Aires, 1928,
um Breguet 14 e um Laté-26)

«En descendant moteur au ralenti sur San Julian, Fabien se sentit las.
Tout ce qui fait douce la vie des hommes grandissait vers lui: leurs maisons, leurs petits cafés, les arbres de leur promenade.
Il était semblable à un conquérant, au soir de ses conquêtes, qui se penche sur les terres de l'empire, et découvre l'humble bonheur des hommes.
Fabien avait besoin de déposer les armes, de ressentir sa lourdeur et ses courbatures, on est riche aussi de ses misères, et d'être ici un homme simple, qui regarde par la fenêtre une vision désormais immuable.
Ce village minuscule, il l'eût accepté: après avoir choisi on se contente du hasard de son existence et on peut aimer. Il vous borne comme l'amour. Fabien eût désiré vivre ici longtemps, prendre sa part ici d'éternité, car les petites villes, où il vivait une heure, et les jardins clos de vieux murs, qu'il traversait, lui semblaient éternels de durer en dehors de lui.»

(Sait-Exupéry: Vol de Nuit)

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